CitationLes entreprises semblent être sorties de leur morosité, ce qui pourrait limiter le manque de dynamisme de l'investissement cette année. Notre scénario tablait en effet sur une légère contraction de l'investissement des entreprises, en lien avec les effets retardés du resserrement passé des conditions financières. L'investissement des entreprises a finalement déjà légèrement rebondi au premier trimestre d'après la première estimation des comptes nationaux de l'Insee, contrairement à nos anticipations. Notre prévision d'investissement pourrait donc être réhaussée à l'occasion de la publication de notre prochain scénario en juin. Il convient toutefois de rester prudent sur cette possibilité, car les chiffres du premier trimestre pourraient notamment être révisés à l'occasion de la publication des résultats détaillés des comptes nationaux trimestriels le 31 mai prochain, et ce d'autant plus en raison du passage à la nouvelle base.
Les données tirées d'enquêtes indiquent un moral des entreprises et un dynamisme de l'activité globalement meilleurs au premier semestre 2024 qu'en fin d'année dernière. Les enquêtes de conjoncture de l'Insee, de la Banque de France et celles auprès des directeurs d'achat de S&P Global émettent toutefois des signaux un peu différents quant à leur évolution récente d'un mois sur l'autre, même s'ils sont tous compatibles avec une légère progression de l'activité au deuxième trimestre.
Les données tirées d'enquêtes indiquent un moral des entreprises et un dynamisme de l'activité globalement meilleurs au premier semestre 2024 qu'en fin d'année dernière. Les enquêtes de conjoncture de l'Insee, de la Banque de France et celles auprès des directeurs d'achat de S&P Global émettent toutefois des signaux un peu différents quant à leur évolution récente d'un mois sur l'autre, même s'ils sont tous compatibles avec une légère progression de l'activité au deuxième trimestre. Les résultats ci-après sont classés par pertinence des indicateurs, ceux de l'Insee et de la Banque de France s'avérant plus robustes dans un contexte de divergences sectorielles marquées comme c'est le cas actuellement notamment au sein de l'industrie, du fait d'un échantillon d'entreprises interrogées plus large (1). À plus long terme, les perspectives semblent par ailleurs s'éclaircir pour les chefs d'entreprises d'après le dernier baromètre de la Chambre de commerce et d'industrie (CCI). Plus structurellement, le contexte entrepreneurial semble relativement porteur ces dernières années.
L'Insee a publié ce vendredi 24 mai le climat des affaires de mai, stable par rapport à avril à 99, soit juste en-dessous de sa moyenne de longue période (100). Ce résultat est cohérent avec une légère progression de l'activité au deuxième trimestre, le seuil empirique d'expansion de l'activité se situant autour de 80 (2). Le climat des affaires s'améliore dans les services (+1 point par rapport à avril, à 101), mais il se dégrade dans le commerce de détail (-3 points à 99), ainsi que plus légèrement dans l'industrie (-1 point à 99) et le commerce de gros (-1 point par rapport à mars, l'indicateur étant bimensuel, à 94). Il est stable dans le bâtiment, juste au-dessus de sa moyenne de long terme, à 101. Le climat de l'emploi est en outre stable à un niveau supérieur à sa moyenne historique (à 102).
La Banque de France a pour sa part publié les résultats de son enquête mensuelle de conjoncture le 14 mai. Bonne nouvelle, l'activité aurait augmenté en avril dans les services marchands, dans l'industrie et dans le bâtiment, et ce davantage qu'anticipé le mois dernier par les chefs d'entreprises. Cela fait suite à un mois de mars où l'activité avait été peu dynamique par rapport à février. Le mois de mai s'annonce en revanche complexe à analyser, en raison des fermetures et congés liés au positionnement des jours fériés. Ainsi, si les chefs d'entreprises prévoient une baisse de l'activité dans l'industrie et le bâtiment et une faible hausse dans les services marchands, les effets de calendrier pourraient modifier quelque peu la donne. Les soldes d'opinion de l'enquête sont en effet corrigés du nombre de jours ouvrables, mais ne prennent pas en compte le positionnement des jours fériés, qui a un impact sur le nombre de jours effectivement travaillés. Sur la base des résultats de l'enquête pour avril et des anticipations pour mai, la Banque de France estime que le PIB progresserait légèrement au deuxième trimestre 2024, après une hausse de 0,2% au premier trimestre. Cette estimation est toutefois entourée d'une incertitude plus importante que d'habitude, d'une part du fait des effets calendaires en mai (3), et d'autre part en raison du changement de base des comptes nationaux qui sera opéré à l'occasion de la publication des résultats détaillés du premier trimestre par l'Insee, vendredi 31 mai prochain.
L'indice PMI flash composite de l'activité globale en France, publié jeudi 23 mai, accuse un léger repli en mai, à 49,1 (après 50,5 en avril), soit légèrement en-deçà du seuil théorique d'expansion de l'activité fixé à 50, mais en réalité sensiblement au-dessus du seuil empirique (4). Ce léger repli en mai est par ailleurs à mettre en regard de la forte progression enregistrée en avril (+2,2 points). En outre, les indices PMI de S&P Global, tout comme d'ailleurs les climats des affaires sectoriels de l'Insee, sont désaisonnalisés, mais non corrigés des jours ouvrés, avec des effets potentiels des jours fériés et de leur positionnement en mai (une correction pourrait ainsi consister à remonter ces indicateurs en mai). Dans le détail, l'indice PMI se replie nettement en mai dans les services, à 49,4 (après 51,3 en avril), tandis qu'il se redresse dans l'industrie manufacturière, à 46,7 (après 45,3).
Les résultats de la Grande consultation des entrepreneurs publiés par la CCI viennent compléter ce panorama d'indicateurs traditionnels de conjoncture, avec une vision de plus long terme (au-delà du trimestre (5)). Ceux-ci pointent vers un regain d'optimisme de la part des chefs d'entreprises en mai (+8 points par rapport à avril), l'indicateur se trouvant à 91, son plus haut niveau depuis août 2023. En particulier, l'opinion des chefs d'entreprises sur les perspectives des 12 prochains mois est de nouveau en hausse en mai, que ce soit pour leur entreprise, ou plus globalement pour l'ensemble de l'économie. La confiance dans les perspectives pour l'économie française et pour l'économie mondiale se trouve ainsi au plus haut depuis août 2023.
Enfin, plus structurellement, rappelons que l'environnement entrepreneurial en France est relativement porteur. La France est ainsi remontée à la 12e place des pays les plus riches en termes de contexte national entrepreneurial l'année dernière d'après l'enquête Global Entrepreneurship Monitor 2023/2024, se classant en première position parmi les pays du G7 (6). Malgré des normes culturelles et sociales relativement peu propices à l'entrepreneuriat en Europe (par rapport notamment aux pays anglo-saxons), la France se distingue positivement pour la promotion et le support de l'entrepreneuriat par le gouvernement, l'accès aux financements et, dans une moindre mesure, la promotion de l'entrepreneuriat dans les études supérieures. L'intention d'entreprendre est en outre plus forte en France que chez nos voisins européens et l'activité entrepreneuriale émergente a fortement progressé depuis 2012.
Notre opinion – Les entreprises semblent être sorties de leur morosité, ce qui pourrait limiter le manque de dynamisme de l'investissement cette année. Notre scénario tablait en effet sur une légère contraction de l'investissement des entreprises, en lien avec les effets retardés du resserrement passé des conditions financières. L'investissement des entreprises a finalement déjà légèrement rebondi au premier trimestre d'après la première estimation des comptes nationaux de l'Insee, contrairement à nos anticipations. Notre prévision d'investissement pourrait donc être réhaussée à l'occasion de la publication de notre prochain scénario en juin. Il convient toutefois de rester prudent sur cette possibilité, car les chiffres du premier trimestre pourraient notamment être révisés à l'occasion de la publication des résultats détaillés des comptes nationaux trimestriels le 31 mai prochain, et ce d'autant plus en raison du passage à la nouvelle base.
Article publié le 24 mai 2024 dans notre hebdomadaire Monde – L'actualité de la semaine
(1) L'Insee interroge 15 000 à 20 000 entreprises par mois, contre environ 8 500 pour la Banque de France, et moins de 1 000 pour S&P Global. Voir à ce sujet le récent article du blog de l'Insee : « Les enquêtes de conjoncture se valent-elles toutes ? ».
(2) Cf. le Document de travail de la Direction générale du Trésor d'octobre 2023 sur le sujet.
(3) L'Insee apportera une correction du PIB trimestriel à la fois pour le nombre de jours ouvrés mais aussi leur positionnement, ce qui devrait conduire à un rehaussement par rapport à l'indicateur brut.
(4) Ce seuil se situerait autour de 45 (Direction générale du Trésor).
(5) L'indicateur prend en compte, en plus du jugement des entreprises sur la situation actuelle, leur appréciation sur l'évolution de l'économie dans les 12 prochains mois.
(6) Au sein des pays du G7 (États-Unis, Canada, Japon, Royaume-Uni, Allemagne, France, Italie), seul le Japon n'a pas participé à ce volet de l'enquête en 2023.