CitationLa baisse de l'inflation en octobre est une bonne nouvelle, alors que les mois d'août et de septembre avaient mis en pause son reflux, largement en raison de sa composante énergétique. La baisse de l'inflation sous-jacente pourrait en outre indiquer une possible efficacité de la politique monétaire, malgré l'accélération des prix des services sur un an dont les salaires constituent le principal moteur (surtout pour les « autres services » qui représentent plus de 60% de l'agrégat). La légère hausse du chômage aux 2e et 3e trimestres devrait toutefois contenir les hausses de salaires et prévenir tout emballement préjudiciable. La baisse de l'inflation, combinée à des hausses de salaires qui restent substantielles, apporteront un peu d'air aux ménages, rendant d'autant plus probable la poursuite du rebond de la consommation dans les trimestres à venir, en particulier pour l'alimentation. La baisse des prix de l'énergie sur un mois, et notamment de ceux des produits pétroliers, témoigne de l'absence d'effet néfaste du conflit au Proche-Orient sur les prix mondiaux à ce stade.
L'Insee a publié mercredi 15 novembre les résultats définitifs de l'indice des prix à la consommation (IPC) d'octobre 2023, confirmant son net ralentissement sur un an, à +4,0% après +4,9% en septembre. Cette baisse de l'inflation en glissement annuel s'explique par la forte baisse de l'inflation énergétique, mais aussi par la poursuite de celle de l'alimentation et des produits manufacturés.
Bonne nouvelle, l'inflation sous-jacente diminue aussi nettement, à +4,2%, après +4,6% le mois précédent, malgré l'accélération des prix des services sur un an. Ces derniers deviennent d'ailleurs en octobre les premiers contributeurs à l'inflation sur un an (+1,6 point), devant l'alimentation (+1,3 point), cf. graphique. Au sens de l'indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH), qui permet des comparaisons entre pays européens selon une méthodologie harmonisée, l'inflation française est en net repli, à +4,5% en glissement annuel après +5,7% en septembre, demeurant toutefois supérieure à l'inflation moyenne en zone euro et dans les grands pays voisins.
Les prix de l'énergie décélèrent nettement sur un an, à +5,2% (après +11,9%), ce qui explique les deux tiers de la baisse de l'inflation totale en octobre. En particulier, les prix des produits pétroliers ralentissent fortement, à +1,8% en glissement annuel (après +10,7%) en lien avec d'importants effets de base (les grèves dans les raffineries il y a un an) et la baisse des prix du pétrole sur un mois.
L'inflation alimentaire diminue en octobre pour le septième mois consécutif, à +7,8% sur un an (après +9,7%), en lien avec le ralentissement des prix des produits hors frais (+9,1% après +10,6%) et des produits frais (+1,1% après +4,5%). Les indicateurs de prix avancés (prix de production et d'importation) indiquent d'ailleurs que le reflux de l'inflation alimentaire devrait se poursuivre dans les mois à venir.
Les prix des produits manufacturés poursuivent leur décélération sur un an, à +2,2% (après +2,8%), sous l'effet du ralentissement des prix des « autres produits manufacturés » (+3,0% après +3,8%) et de l'habillement-chaussures (+1,9% après +2,5%).
Fait notable, l'inflation des services repart à la hausse en octobre, à +3,2% en glissement annuel (après +2,9%), en lien avec l'accélération des prix des « autres services » (+4,4% après +4,1%) et des services de transport (+5,4% après +4,9%) et de la moindre baisse des prix des services de communication (-4,7% après -6,8%). Pour autant, l'inflation sous-jacente (1), sur laquelle la politique monétaire est le plus susceptible d'influer, est en baisse, à +4,2% (après +4,6% le mois précédent).
En termes d'indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH), l'inflation française sur un an (+4,5%) est désormais supérieure à l'inflation moyenne en zone euro (+2,9%) et dans les autres grandes économies de la zone euro, avec une inflation de +3,5% en Espagne, +3,0% en Allemagne et +1,8% en Italie en octobre d'après l'estimation finale d'Eurostat. Hors énergie, alimentation, alcool et tabac, l'inflation française est cependant en-deçà, à +3,5% en glissement annuel en octobre, contre +3,8% pour l'Espagne et l'Italie et +4,2% pour l'Allemagne et la zone euro. Par ailleurs, l'inflation en France avait été la plus faible de l'Union européenne en 2022, et l'inflation totale cumulée depuis l'avant-crise sanitaire reste inférieure en France (+15,6% depuis janvier 2020) à celle en zone euro (+19,3%) et chez ses grands voisins (+21,0% en Allemagne, +19,9% en Italie et +17,7% en Espagne).
(1) L'IPC sous-jacent exclut les prix volatils et administrés et est corrigé des variations saisonnières.
Article publié le 17 novembre 2023 dans notre hebdomadaire Monde – L'actualité de la semaine