Depuis 2022, le nombre de défaillances d’entreprises a fortement augmenté, après une période qui avait été marquée par une baisse notable des défaillances d’entreprises, liée notamment aux mesures de soutien mises en place par les pouvoirs publics pendant la crise du Covid-19. Il est vrai que le contexte actuel, caractérisé par un atterrissage en douceur de l’économie française avec une demande et une croissance faibles, n’est pas favorable aux entreprises, qui font face à une dégradation de leur trésorerie et un allongement des délais de paiement. La Banque de France indique ainsi que le nombre de défaillances a atteint 55 492 en 2023, après 41 297 en 2022, mais 59 342 en moyenne entre 2010 et 2019. Les chiffres indiquent par ailleurs que la hausse du nombre de défaillances d’entreprises touche tous les secteurs de l’économie et toutes les tailles d’entreprises, dans des ampleurs toutefois variées.

La hausse du nombre de défaillances reste à relativiser. En effet, d’après les données publiées par l’Insee, les créations d’entreprises ont été nombreuses depuis le début de la crise sanitaire. Ainsi, compte tenu du phénomène de normalisation des défaillances en cours, après une période durant laquelle des entreprises non viables économiquement avaient été protégées, et du fait que les créations d’entreprises sont dynamiques, il paraît plutôt naturel que les défaillances d’entreprises soient plus nombreuses, au sein d’un bassin d’entreprises plus large.

Si les données sur les défaillances d’entreprises publiées par la Banque de France et celles sur les créations d’entreprises publiées par l’Insee ne sont pas directement comparables, une analyse des écarts aux tendances permet de relativiser l’envolée récente des défaillances. Entre 2010 et 2019, le nombre de défaillances d’entreprises a eu tendance à diminuer, d’environ 1,6% par an. Dans le même temps, le nombre de créations d’entreprises a eu tendance à augmenter, de plus de 3% par an. En utilisant les données mensuelles de la Banque de France et de l’Insee (données corrigées des variations saisonnières et des jours ouvrés), on constate qu’en cumul entre janvier 2020 et novembre 2023¹, les défaillances d’entreprises ont été d’environ 3% inférieures à ce que suggérait la tendance pré-pandémique, tandis que les créations ont, pour leur part, été supérieures de plus de 6% à leur tendance pré-pandémique. Il reste donc un peu de marge avant de considérer la hausse du nombre de défaillances comme inquiétante.

Notre opinion – La conjoncture économique a pesé sur les entreprises en 2023, mais l’activité devrait accélérer dans les prochains trimestres,ce qui devrait donner un peu d’air aux entreprises. Comme prévu dans notre scénario, le processus de désinflation en cours devrait en effet permettre une poursuite du rebond de la consommation des ménages, et l’investissement devrait ensuite rebondir courant 2025 en lien avec la normalisation monétaire prévue à cet horizon.

En attendant, à l’occasion de la publication de son enquête mensuelle de conjoncture de début janvier, la Banque de France a revu à la hausse sa prévision de croissance pour le quatrième trimestre 2023, à +0,2% (+0,1 point), après la légère contraction de l’activité qui avait été enregistrée au troisième trimestre (-0,1%). Une bonne nouvelle à la fois pour l’économie française et ses entreprises, mais aussi pour nous, puisque notre prévision est justement de +0,2%.

Article publié le 12 janvier 2024 dans notre hebdomadaire Monde – L’actualité de la semaine

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¹ Les données de créations d’entreprises pour décembre 2023 ne sont pas encore disponibles.