[PAGE_1]17 nuances de critique[/PAGE_1]
[PAGE_2]Penser un monopole[/PAGE_2]
[PAGE_2]Construire un monopole[/PAGE_2]
[PAGE_3]Exercer un monopole[/PAGE_3]
[PAGE_3]Pérenniser un monopole[/PAGE_3]
[PAGE_4]Instrumentaliser un monopole[/PAGE_4]
[PAGE_5]Bousculer un monopole : le cas européen[/PAGE_5]
CitationLe monde semble aujourd’hui traverser ce qui pourrait apparaître comme la deuxième crise des terres rares. Le 11 avril 2025, en réponse apparente au Liberation Day américain, Pékin annonçait la mise en place de restrictions d’exportation sur sept terres rares. Le motif invoqué est cependant précis : la réglementation sur les biens à double usage – comprendre civil et militaire – entrée en vigueur quelques mois plus tôt. Le ministère du Commerce de la République populaire de Chine ravive ainsi les affres de 2010 quand l’Occident semble, quant à lui, redécouvrir ses dépendances. Pourtant, ce qui, à première vue, pourrait s’apparenter à une crise soudaine, pourrait en réalité révéler un basculement plus profond, découplé d’un épisode ponctuel de tensions commerciales.
Depuis les années 1990, la Chine s’est engagée dans la construction méthodique d’un monopole sur les terres rares, qu’elle s’efforce aujourd’hui de pérenniser.
L’omniprésence des terres rares dans les technologies civiles et militaires rend ce monopole théoriquement insoutenable pour les pays occidentaux, tant sur le plan stratégique qu’industriel. Pourtant, ces derniers s’en sont longtemps accommodés, bercés par l’illusion d’approvisionnements stables à bas coût.
Pékin a toutefois rappelé à deux reprises la réalité de sa domination : en 2010, lors d’un accrochage avec le Japon, puis en 2025, en restreignant les exportations de terres rares critiques pour l’industrie de défense américaine.
Ces dernières restrictions, qui s’inscrivent dans une logique de durcissement structurel, seront vraisemblablement durables. Elles imposent désormais aux pays occidentaux de penser une chaîne de valeur indépendante de la Chine — un défi considérable, compte tenu de l’emprise de Pékin sur l’ensemble du marché mondial et du retard industriel accumulé.
