CitationL'inflation de novembre est également plus faible que prévu par la BoE dont les projections présentées dans son dernier rapport de politique monétaire montrent une prévision à 4,6% en moyenne sur le trimestre. Une nouvelle qui vient une semaine après la réunion de politique monétaire de décembre où la banque centrale s'est montrée insatisfaite de la baisse trop lente du taux d'inflation, en particulier dans les services. Les chiffres de novembre devraient rassurer les membres du comité qui ont voté en faveur du statu quo et encourager les trois « faucons » à rejoindre leurs collègues de la majorité lors de la prochaine réunion de politique monétaire en février, surtout si la croissance des salaires continue de se modérer.
Le taux d'inflation des prix à la consommation, mesuré par l'indice CPI, a baissé plus fortement que prévu en novembre, à 3,9% depuis 4,6% en octobre. Le consensus tablait sur 4,4% (comme notre prévision).
En variation mensuelle, l'indice CPI se replie de 0,2% contre un rebond anticipé de la même ampleur et contre une hausse de 0,4% au mois de novembre l'année dernière. Ainsi, des effets de base favorables ont amplifié le mouvement de désinflation. Les plus fortes contributions à la variation du taux d'inflation annuel sur le mois sont attribuables aux composantes « transport » (pour -0,27 point de pourcentage), « loisirs et culture » (-0,14 pp) et « produits alimentaires et boissons non-alcoolisées » (-0,10 pp).
- La composante transport s'inscrit en baisse de 1,5% sur un an (-1,7% en variation mensuelle). Cela est dû au recul des prix des carburants (-10,6% sur un an) et, dans une moindre mesure, des prix des voitures d'occasion (-5,4%) ainsi qu'à une nette décélération des tarifs aériens (à 3,3% en novembre contre 7,9% en octobre et près de 30% en juillet).
- Les prix dans le secteur « loisirs et culture » ont enregistré leur première baisse mensuelle (-0,4%) depuis le début de l'année, ce qui a permis une décélération de leur taux de variation annuelle à 5,3% après 6,4% en octobre, son rythme le plus bas depuis le mois de mars.
- Enfin, des effets de base expliquent la contribution négative de la part des prix des produits alimentaires et des boissons non-alcoolisées à la variation du taux d'inflation totale. Ceux-ci ont augmenté de 0,3% sur le mois (après +0,1% en octobre), ils avaient bondi de manière beaucoup plus significative en novembre 2022 (+1,1%) ce qui conduit à une modération de leur taux d'inflation à 9,2% (contre 10,2% en octobre).
L'inflation sous-jacente mesurée par l'indice CPI hors énergie, produits alimentaires, alcool et tabac s'inscrit en baisse : -0,3% sur le mois et 5,1% sur un an (contre 5,7% en octobre et également en-dessous des anticipations). L'inflation dans les services chute à 6,3% (contre 6,6% en octobre), grâce aux services de transport, de récréation et aux divers services.
Cela fait plusieurs mois déjà que l'inflation surprend à la baisse. Si l'évolution des prix de l'énergie est favorable, ce n'est pas le seul facteur de désinflation. Une nette modération est observée au niveau de l'inflation des biens industriels non énergétiques : elle est désormais de 3,3%, contre 6,8% en mai, et s'explique par le recul des coûts des matières premières, la normalisation des taux de fret ainsi que par la baisse de l'activité sur le marché immobilier (impliquant moins de demande de meubles, de petits et gros électroménager, etc.). Les indices PPI nous révèlent une chute des coûts des intrants sur un an pour le sixième mois consécutif en novembre (-2,6% selon l'indice PPI), tirée par les métaux et les intrants chimiques, et bien sûr le pétrole. Dans l'alimentaire, si l'inflation des prix à la consommation affiche une modération, il s'agit surtout d'effets de base, les prix continuent de progresser sur un pas mensuel. En amont des chaînes de production, une dichotomie est observée entre l'inflation négative des intrants alimentaires domestiques (-2,6%) et des intrants importés (+8,1%). Dans l'ensemble, l'inflation des biens pourrait de nouveau reculer en décembre comme l'indique la poursuite de la baisse des cours du pétrole ainsi qu'un niveau élevé de stocks.
L'inflation dans les services baisse aussi plus rapidement que prévu mais il est clair que la désinflation y est moins rapide que dans la sphère des biens. Les prix des services ont, en effet, une plus forte composante coûts salariaux en raison d'une plus grande intensité en main-d'œuvre ; or, la croissance des salaires est restée soutenue, bien qu'en modération aussi. La désinflation dans les services est la plus visible dans les services très exposés aux prix de l'énergie et des carburants : services aux logements, services de transport, tels que tarifs aériens. Dans les autres secteurs des services, la désinflation est bien plus lente. En effet, le taux d'inflation a été stable à 7,5% en novembre dans les hôtels et les restaurants par exemple, mais aussi dans la communication (à 8,2%) ou encore dans l'éducation (4,5%). Par ailleurs, la nette modération dans les loisirs et la culture en novembre, si elle est encourageante, ne signale pas forcément un début de tendance baissière ; la série est volatile et un rebond en décembre n'est pas exclu.
Finalement, la forte baisse surprise de l'inflation totale et sous-jacente en novembre réduit automatiquement nos prévisions : à 4,2% au T4-2023 (en supposant une stabilisation en décembre à 3,9%, assortie de risques baissiers), à 3,9% au T1-2024 et 2,4% au T2-2024. Selon nos projections, l'inflation totale baisserait fortement au T2-2024 et s'approcherait de la cible de 2% de la BoE en juin (2,2%), ce qui conforte notre scénario de première baisse de taux par la BoE au plus tard en août prochain.
L'inflation de novembre est également plus faible que prévu par la BoE dont les projections présentées dans son dernier rapport de politique monétaire montrent une prévision à 4,6% en moyenne sur le trimestre. Une nouvelle qui vient une semaine après la réunion de politique monétaire de décembre où la banque centrale s'est montrée insatisfaite de la baisse trop lente du taux d'inflation, en particulier dans les services. Les chiffres de novembre devraient rassurer les membres du comité qui ont voté en faveur du statu quo et encourager les trois « faucons » à rejoindre leurs collègues de la majorité lors de la prochaine réunion de politique monétaire en février, surtout si la croissance des salaires continue de se modérer.
Article publié le 22 décembre 2023 dans notre hebdomadaire Monde – L'actualité de la semaine