En glissement mensuel, cette baisse est de l'ordre de 1,1%. La Belgique (-6,8%) et le Portugal (-4,4%) subissent les revers les plus sévères. L'Italie et l'Allemagne ne sont pas en reste avec des baisses de l'ordre de 3 points sur le mois. La France (-0,4%) limite la casse, tandis que l'Espagne (+1,4%) conserve une croissance de sa production industrielle en cette fin d'année 2024. 

En novembre, l'ensemble des secteurs avaient vu leur production s'accroître. Ce n'est pas le cas en décembre avec trois des cinq secteurs retenus dans l'étude en baisse. Ainsi, la production de biens intermédiaires, d'investissement et de consommation durables chute. À l'inverse, celle des biens de consommation non durables affiche une augmentation notable (+5,1%), alors que la production d'énergie se maintient (+0,5%).

En glissement annuel, la production industrielle au sein de la zone enregistre un déclin de 2% par rapport à décembre 2023. Cette chute est tirée par les déconvenues de toutes les typologies de biens produits hormis les biens de consommation non durables. En effet, la production de biens d'investissement (-8,1%), de biens intermédiaires (- 2,4%) et de biens de consommation durables (- 2,2%) est en repli. A contrario, les biens de consommation non durables et l'énergie voient leur production augmenter. Dans le détail, on peut observer sur le graphique que l'ensemble des sous-secteurs ont vu leur production décroître en 2024 par rapport à son niveau de l'année passée. En effet, les industries automobiles et chimiques ont subi bon nombre de revers, tout comme l'industrie des machines et équipements. Seule l'industrie pharmaceutique a légèrement sorti la tête de l'eau en 2024. L'Allemagne (-4%) et l'Italie (-7,1%) affichent un recul important de leur production industrielle relativement à décembre 2023. La France subit quant à elle un plus léger recul de l'ordre de 1,3 point, alors que l'Espagne augmente sa production industrielle (+2,6%). 

Au sein de la zone euro, dans une perspective de long terme, l'IPI a crû de façon assez régulière entre 2015 et 2018 (+2,1% en moyenne annuelle), avant de chuter fortement pendant la crise du Covid (-7,1% en 2020). Il a ensuite drastiquement augmenté en 2021, puis dans une moindre mesure en 2022 dans un effet de rattrapage, pour de nouveau diminuer ces deux dernières années dans ce qui pourrait être assimilable à un contrecoup de la reprise post-crise. En fait, en 2024, la production industrielle de la zone euro retrouve presque son niveau prépandémique. En décembre 2019, l'IPI affichait 96,8. Il est à 95,7 en décembre 2024.

Notre opinion – Si le taux de croissance du PIB a été révisé à la hausse de 0% à 0,1% au T4 2024, cette modeste progression n'est pas du fait du secteur industriel. Sur le trimestre, l'indice de la production industrielle s'est de nouveau replié de 0,5%, au même rythme qu'au cours de l'été 2024. La production industrielle de la zone euro chute aussi bien en glissement mensuel qu'en glissement annuel en fin d'année 2024. Les secteurs, historiquement porteurs au sein de la zone, sont en difficulté à l'image de l'automobile. Avec un acquis de croissance négatif et des défis de plus en plus importants à relever (compétitivité, coûts des intrants, hausse des barrières tarifaires, décarbonation, capacités excédentaires chinoise et demande domestique faible), le redressement de la croissance du secteur sur l'année 2025 s'annonce encore très compliqué. 

Article publié le 14 février 2025 dans notre hebdomadaire Monde – L'actualité de la semaine